• a dit un Ange (La Source blanche, Patrice Van Eersel)...

    Ce qui est assez amusant de la part de l'ëtre le plus éthéré qui soit !

    grand écart - arbre

    Le bagua est l'art par lequel je fais voeu de lourdeur, d'appesantissement, d'enracinement enfin, et celui-ci s'arrache au prix d'un rythme quotidien. Un mois que je ne me suis pas entraînée, les chevilles se sont verrouillées, les tendons d'Achille rétractés, les muscles fondus et raccourcis, mes pieds qui ne touchent plus terre lorsqu'ils se posent... La vieillesse m'a rattrapée.

    Quel effort à fournir de nouveau pour réinstaller la fraîcheur en moi ! Mais je sais par quelles étapes il me faut passer. Cela m'est familier. Reconquérir la fluidité de l'énergie, la souple longueur des muscles, la lourdeur assurée de mes pas. Ah !


    Je lis aussi que les arts martiaux sont une sorte de gymnosophie, mot un peu effrayant dont je ne trouve pas la définition... J'en déduis le sens : "sagesse atteinte par la mise en mouvement du corps" ? En tout cas, on devine que c'est par la perception de son être corporel, de son potentiel et de son épanouissement que l'on peut prétendre à une compréhension plus subtile - voire spirituelle - du monde. 

    La sensation du Ciel passe d'abord par celle de la Terre dont nous sommes tirés. Le Bagua, comme une prière par le corps



     Un grand écart, entre Ciel et Terre... 


    Ah !! je vous ai entendu !! Qui a dit que c'était une question d'âge ?? Les jeunes aussi le peuvent ! ET c'est pas nécessaire d'être Chinois !! 

    Tom l'artiste

    Hommage à Tom !


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  • Piège des articulations opiniâtrement raides, des muscles trop mous, d'une masse verrouillée enfin, celle de ce corps qui enferme la magie dans le coeur, empêche la libération du véritable mouvement, celui de l'énergie.


    Je me suis trop vite réjouie ! Enfin, après un an d'entraînement en Chine, je ne perds plus l'équilibre ! Et voilà qu'aussitôt après un nouveau problème apparaît : ma position est trop haute. Toute la posture est coincée par cette petite chose qu'est un tendon d'achille...


    A force de détermination pourtant, le corps s'assouplit. Envoûté par la pratique quotidienne, le corps s'émeut et s'ouvre à l'harmonie du huit. Et je sens alors la pure jeunesse conquérir mes cellules.

    L'harmonie du huit. 八卦__Bagua signifie "Huit directions"... C'est dire s'il faut en comprendre la symbolique, la magie. Ce chiffre qui n'a qu'à s'allonger pour nous ouvrir les portes des infinis. Sentir toutes les ondulations, les additions, les complications de sens que les chiffres précédents appportent. Et à la fin, ne voir en ce 8 que du Un en circulation. 



    Bien que je tourne en rond, retournant sans cessse sur mes pas, je comprends le sens de ma démarche. Bien loin de m'enfermer dans la marche stérile d'un cercle clos, c'est dans l'infini d'une spirale vrillée que je m'évanouis, ouverte aux transformations. Et mon pieds ne se pose jamais sur un même point du sol, mais toujours un peu plus profond, toujours un peu plus loin.


    Et ma rageuse impatience s'adoucit.

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  • des progrès manifestes soulignés par mon maître
    ah quelle joiaaah
    je ne pourrais plus m'arrêter  maintenant. Je rentre dans un temple difficile mais il m'a bel et bien ouvert ses portes. J'avance pleine de crainte et avec l'audace de la passion.


    Trois ou quatre mois que je mentraînais seule. Souvent désespérée. Pourquoi je fais ça ? Combien de fois je me serais posée cette question...



    Ces paroles, de l'eau qui régénère ma pratique trop sèche.



    Les progrès
    - mes pieds se posent enfin avec lourdeur et accorcher le sol. J'accroche des poids autour de mes chevilles pour renforcer mes jambes. Le pas est beaucoup plus précis, enraciné. mes pieds ventousent le sol, gueules mordant la terre, arrimant solidement le reste de mon corps. Enfin, mon pas s'assoit. Je m'assois dans la marche, allourdie par le relâchement et la circulation de mon énergie

    - mon ventre, animé par une énergie magnétique, tous mes mouvements en sont inspiirés. Moteur. Je le savais depuis des années, je le sens enfin. Je sens l'air aimanté tout autour.
    C'est lui la source de tous les mouvements. en son sein, l'énergie boule se sépare dans toute les ddirections, avec la même force : elle coule dans les jambes et dans son sillage, les pieds se font racines et creusent la glaise, elle s'élance dans ma colonne vertébrale et mes bras qui se branchent dans l'élément supérieur. 


    ces paroles m'expliquant qq "secrets" = "de l'eau dans ma pratique trop sèche" ; le voir exécuter une paume mouvement = "une histoire", il dit : "de la musique".  Oui, il y a un rythme, on danse avec quelque chose, une énergie qu'on fait naître, qui s'envole de soi-même


    la boule dans l'eau... et moi qui pensais m'appuyer sur une table

    sa deuxième paume mobile... c'est une histoire. je le vois fermer la fenêtre de sa ronde, présenter la fleur à l'ennemi,  puis piquer le ciel dans un élan de tout le corps, néanmoins,bien arrimé à la terre, et le corps se ploie, plonge dans les herbes puis caresse rondement, ramasse l'énergie repropulsée dans une ronde inverse... L'énergie s'est inversée.. Ces quelques gestes, toute histoire. Je vois les éclairs passionnés dans son regards, ses mouvements sont animés d'une vie féérique, je ne comprends pas ce quil s'est passé, je suis littéralement subjuguée.
    C'est un rythme, de la musique, me dit-il. Oui, rétention et envol de l'énergie

    et moi, le visage en sueur, les chaussures trouées et le pantalon poussiéreux, je me dis, oui, oui, je suis musicienne, je réalise avec béatitude que moi aussi, je travaille les gammes de ma musique intérieure.

     

    envoyer l'énergie deux mètres plus loin que la cible initiale. de cette façon, la personne frappée esttraversée de part en part.


    putong de ren pa teng

    le pb de la danse : jolie, mais vide.

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  • Tourner à videTourner à videTourner à vide

     

    A force de tourner en rond, je me perds pour de bon. Je me dis "pourquoi tu fais ça ?" Savoir mettre des coups à quelqu'un ne m'intéresse pas, aucune compétition en vue, pas de compagnon de Bagua non plus, un Maître que je vois peu et avec lequel il convient de toute façon de garder une certaine distance... Cinq entrainement par semaine. Pourquoi ? En circuit fermé, sur soi. Je me dis, un art, ça s'offre, même dans sa maladresse, même dans sa fraîcheur et dans son manque de maîtrise, ça se partage ! A quoi bon sinon ? Pratiquer tout seul dans son coin, autiste, sans confrontation avec autrui ? Ce genre de pratique méditative exige le retrait, mais parfois, comme pour un jour de fête, il faudrait qu'elle sorte de son silence. J'ai souvent des crises où je me dis 'Marre, je me mets au flamenco !!'

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  • S'adosser contre le vide et y asseoir un empire d'équilibre

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  • que la concentration lourde et nouée fonde, et fleurisse l'ouverture limpide et légère de la Conscience

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  • Creuser l'équilibre au coeur de l'étourdissement

    Exprimer les bêtes qui sont en moi


    Leur respiration leur danse et leur intelligence




    Alourdir la course du temps par la pratique d'un art, quotidiennement. Chaque jour, revenir sur les traces de ce qui manque. Chaque jour, s'asseoir davantage dans le courant, dont la surface n'est que fuite ahurissante. S'enfoncer jusqu'à la racine du temps, là où il ne s'évade plus, là où, calme et serein, son cycle éternel me nourrit d'or et de paix.



    Alourdir, densifier la vie pour la sentir passer, pour avoir prise sur elle et s'offrir le moyen de la pétrir et la façonner selon mes voeux.

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  • Il y a quatre mois, quand j'ai dit à mon maître que je pratiquais le pas du bagua environ vingt minutes par jour, il a paru satisfait : "ça suffit"  a-t-il dit. Mais dimanche dernier, il m'annonce je dois maintenant marcher une heure presque quotidiennement, en ne pratiquant qu'une paume par séance. Huit paumes à chaque fois, bonjour l'indigestion ! Et en effet, je ne progressais pas. Il faut donc s'évanouir une heure durant dans chaque forme...



    Mais comment marcher une heure en dépit du bon sens (dans le bagua, le buste  est orienté à 90 °C sur la droite ou la gauche par rapport à la direction des jambes...) sans être frappé de déséquilibre physique et mental ???

    Débusquer les racines immobiles du mouvement et s'y planter.


    Etre capable de m'arrêter à n'importe quel moment du déplacement et garder tout le corps en équilibre. Pour cela, il faut  que le pieds se pose avec une présence totale. Mais pour le moment, je le sens  aveugle et passif alors qu'il faudrait qu'il soit tête chercheuse, taupe flairant la terre, racines en mouvement, menant la danse.


    La sensation de l'énergie reste pour l'instant largement parasitée par l'effort musculaire et technique que je fournis. Mais comment faire ? La relaxation profonde que je devrais être capable de déployer n'est possible qu'à partir de là, de longues heures de recherche dans le coprs, dans le tissu, l'os et le muscle. Marche en forme d'autopsie. La réelle détente se pose sur l'effort, ne peut venir que de l'effort ; en dehors de cela, elle n'est qu'une forme creuse, feuille d'automne balayée par le moinde souffle. 


    Maintenir une minute, répéter cent fois, tourner une heure... L'entrainement rime avec enivrement, mais cette ivresse fondamentale ne doit pas signifier aveuglement. Il faut au contraire une hyper conscience pour ne pas céder à l'accélération ou au déséquilibre centripète. Si mon coeur bat trop vite, c'est que je me trompe d'activité. Ce n'est plus le bagua  que je pratique mais un sport d'endurance. Je sors du cercle méditatif.



    Mais je sais qu'au moment de la vraie compréhension, ces mille et une difficultés techniques disparaîtront, subsumées en une forme au mouvement parfait et justement habitée.


    Libérer l'esprit de l'irritation de la fatigue, de la crainte d'échouer, de l'ambition de réussir, et voilà le corps allégé qui éclate d'une spontanéité et d'une fraîcheur nouvelles.


    M'arrêter pour écrire avec l'impression nette que les mots gravés dans la fibre du texte s'enracineront mieux dans la peau, résonneront dans mon corps, me libérant ainsi de leur ronde, de leur obsession et donc de la pensée qui me tire à l'excés vers le haut alors qu"il faudrait que je pose chacun de mes déplacements, que tout mon corps se pose, s'appuie lourdement sur le monde. Au lieu de ça ma tête s'envole la plupart du temps et je m'arrête pour écrire ces mots trop aîlés par l'inspiration - qui m'empoisonnent l'esprit et le corps.

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    S

     

     

     


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  • Dimanche dernier, cours avec le maître donc. Ca faisait deux mois. La leçon du jour ? Je vais trop vite. Entre autre...

    Mais ce soir, alors que je m'entraîne, je comprends, ressens avec évidence la puissance révélatrice de la lenteur. Alors qu'on la croit faible, c'est elle qui débusque nos arnaques, notre fausse maîtrise, l'inconsistance de notre pratique. La lenteur exige un réel contrôle du mouvement, une réelle présence dans le geste, une intensité déployée depuis soi jusqu'au bout du monde.  

    Ce soir donc, je décide de réduire mon rythme de moitié... Aie aie aie. Un beau retour aux sources de la médiocrité. Toutes les difficultés de débutant ont généreusement refait surface. Perte d'équilibre, pas mou, lunaire, trop concentrée, mon regard se perd dans mes pensées -alors qu'il ne doit pas lâcher le rail de l'horizon- je m'efforce de ralentir ma respiration superficielle, mais pffiou, franchement je galère. Comme je me suis leurrée ! Comme la vitesse facilite le mouvement, le vide de sa consistence en déracinant son origine de l'énergie véritable ! Un pied lancé ne doit son avancement qu'à la vitesse, il est effacé par l'élan de la projection ! Il n'existe plus, en dehors du contrôle de l'énergie C'est rien que du faux bagua que je fais là !!! 
    ::: Hou je m'emballe.

    Au bout de quelques tours en effet, mes mains alourdies se posent sur le ventre du monde. Mon pas contrôlé jusqu'au bout, jusqu'au contact de l'orteil sur le sol, ce pas-là se pose vraiment, rien ne peut le nier.


    Il faut que je parte depuis le vide. Sans ça, je ne ferai rien.     

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