• Essai de traduction de l'article Nugae sul giusto metodo :




    Aujourd'hui dans un moment de détente, j'ai essayé de m'exercer à la calligraphie chinoise...:


    L'eau est préparée.
    L'encre est prête.
    Le pinceau est bien humidifié.
    Une respiration profonde.
    Le pinceau plongé dans l'encre,
    sa pointe caresse le bord de la soucoupe pour se modeler.
    Les yeux se ferment tous seuls,
    et lorsqu'ils se réouvrent la main sait déjà ce qu'elle doit faire.
    Jaillit alors le premier idéogramme…
    Mais il n'est pas satisfaisant :
    il manque d'harmonie,
    son squelette est difforme…
    Et nous nous réprouvons alors, conscients des erreurs précédentes.
    Voilà un autre idéogramme… mal écrit… on a essayé de se corriger, mais encore en vain !

    Entretemps le mental se vide, seule reste la respiration ;
    totalement plongé dans l'encre qui tâche la feuille chaque fois que le pinceau la touche,
    sans m'en apercevoir,
    j'ai déjà écrit le même caractère sur des dizaines de pages, inconscient du temps écoulé.

    Mais les améliorations sont légères.
    Peu importe, l'important n'est pas de faire tout et vite.
    Il n'est pas bon de se précipiter.
    L'important est de savoir « comment » pratiquer.
    Et encore plus important est de savoir pratiquer  tous les jours.
    Même seulement un instant, mais pratiquer !
    Même pratiquer seulement un tout petit peu, mais pratiquer avec engagement,
    en s'investissant complètement dans chaque instant de l'action.

    Et voilà ce que j'ai appris de la vie, après avoir pratiqué pendant presque 20 ans les arts martiaux.

    Le maître, qui est-il ?
    Seulement une personne que nous rencontrons par hasard, qui nous inspire confiance et à qui nous demandons de nous guider.
    Il connaît la route, parce qu'il l'a déjà parcourue ou il la parcourt ; mais il ne pourra pas nous accompagner.
    La route, nous devons la parcourir tous seuls, et seuls nous resterons lors de notre cheminement.
    Le but, nous l'atteindrons - si nous y arrivons - tous seuls.
    À travers les erreurs de chaque jour.
    À travers les épreuves et les preuves.
    À travers la constance.
    À travers la « méthode ».

    Evénements, petits et grands

    C'est ainsi que j'entre dans une des cinq positions… le discours ne change pas…
    Les jambes se plient.
    Les bras s'élèvent.
    La position est prise.

    Je respire profondément.
    Le mental se vide.
    Reste le rythme de la respiration,
    la sensation des muscles,
    du squelette,
    de la douleur…
    Tout ce qui nous entoure disparaît,
    restent seulement les conseils que le Maître nous a donnés
    et la sensation des erreurs.
    La position est mauvaise.
    Et alors il faut contrôler le bas, sonder chaque centimètre de notre corps,
    Pour en avoir la sensation,
    et autrefois obtenue…
    rechercher une solution aux erreurs
    ou savourer et mémoriser une sensation que nous retenons positive.
    Et voilà qu'un autre pas vers le but a été accompli.

    Ainsi,
    chaque jour.

     

    C'est la recherche têtue, consciente et éternelle qui  fait grandir l'homme.


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  • Il faut attendre jusqu'à ce que la douleur soit insupportable. Alors, tu attends encore. Au-delà de la limite, il y a plus de ressources que tu ne le penses. La limite est dans ta tête. Et si vraiment tu n'en peux plus, donne-moi cette  douleur. Pense que c'est moi qui la ressens, et non plus toi.


    ça aurait pu être Dieu, mais non, c'est juste un homme splendide qui m'a dit ça.

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  • Maintenir chaque position une minute, de chaque côté.

    Reeeeespirer.

    Détendre le muscle brûlé par l'effort.

    Relâcher tout le corps, se laisser traverser, reconfigurer, musculairement, nerveusement, épidermiquement par la douleur. Ne pas l'affronter, ne pas lui barrer la route - elle vous défigurerait - mais au contraire, s'ouvrir au maximum - juqu'à s'oublier soi-même - pour la laisser passer. Le chemin que nous aurons laissé se tracer en nous est ainsi délesté de bien des peurs, allégé de bien des excès. Tout s'envole sous le souffle brûlant de la douleur.

    Ne reste que l'essentiel, rutilant de pureté et de joie.



    Pour suivre la douleur jusqu'au bout de sa course, sans qu'elle vous pulvérise...



    Voilà ce que m'apprend le Meihuazhuang

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  • est une sous catégorie de la crispation

    SORTIR DU RAPPORT DE FORCE AUQUEL NOUS INVITE LA DOULEUR

    La douleur

    J’ai 27 ans et je découvre le Meihuazhang.

    Est-ce qu’on peut commencer un art pareil à cet âge qui me paraît quelque peu avancé ? Les positions de base du Meihua recquierent un capital de force musculaire et de souplesse très important... C’est bien simple, pendant de longues semaines, j’ai pensé que c’était impossible. Impossible d’ouvrir l’angle de mes hanches, impossible de tenir fléchie – assise dans le vide, à 40 cm du sol - sur un seul pied pendant que l'autre fait juste de la figuration, impossible d’étirer toutes ces zones entre les muscles, les os et les tendons, y insuffler de l’espace, du vide. Du qi. Impossible l’équilibre de tout ce corps sur mes trop ptits pieds...


    Pourtant je suis une fille plein de bonne volonté, dont les aspirations ne manquent pas d’ambition, voire franchement de folie. Mais non, cette fois-ci, mon esprit était barré d’impossibles et bien des fois j’en ai pleuré d’épuisement, de rage, de découragement. Et encore une fois, le mentor qui me bouscule, sans la moindre compassion pour mes efforts zébrés de douleur, effondrés dans des gémissements d’enfant. Et d’un ton laconique, il me dit : « Il y a des idées fausses dans ta tête. Tant qu’elles seront là, tu n’avanceras pas. » Ok.. Heureusement pour lui, j’ai passé le cap de la réaction primaire qui consistait à avoir envie de lui mettre un bon coup de boule. :-)


    Bon, l’idée fausse, c’est que la douleur est une limite. C’est ma façon de me situer par rapport à elle qui peut constituer une limite, rien d’autre. Et en effet, en respirant, en libérant mon esprit de la peur de souffrir, je cesse de me braquer et de m’énerver, je me libère de la pression, il y a de la douleur, mais ce n’est plus mon problème... Et à la fin, qu'est-ce qu'on récolte ? Les Fleurs du mal qu'on s'est donné !

    La douleurLa douleurLa douleur


    La répétition, la respiration ouvrent des portes dont on n’aurait jamais cru l’accès possible... j’ai eu la chance de rencontrer de bons exemples qui m'en ont donné la foi et j'expérimente moi-même cette vérité. Les limites dont nous nous étouffons l’esprit sont d’une réalité et d’une nocivité bien plus concrètes que celles qui structurent et empêchent notre corps. La pratique du kung fu me fait percevoir de façon limpide que nous sommes fait d’une matière malléable, modifiable, dotée de capacités de transformation phénoménales. La volonté, la détermination, l’effort maintenu en sont les recettes magiques.

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